On ne donnait pas cher de ce CSS en grande ébullition et en pleine reconstruction face à un CA qui avait, lui, le vent en poupe et tous les atouts pour gagner. Karim Delhoum et sa bande ont brillamment déjoué les pronostics défavorables et ont arraché avec vaillance et intelligence leur billet pour la finale.
L’image de Karim Delhoum, comblé et fou de joie, au terme d’une demi-finale indécise et palpitante jusqu’au bout est significative. Au moment où on avait pensé que l’épreuve des tirs au but était inéluctable pour départager les deux protagonistes, l’incroyable a eu lieu, Fares Néji, le milieu défensif que personne côté clubiste n’a vu venir, sonne le glas des «Rouge et Blanc» et fait vaciller de stupeur et d’incompréhension les milliers de leurs fans. Ce coup de grâce dans le temps additionnel de la deuxième prolongation (122’) a fait bondir et a soulagé le banc sfaxien et a laissé pantois et abasourdis les occupants du banc du Club Africain, Karim Delhoum, le suppléant qui avait beaucoup appris dans l’ombre de Nabil Kouki, a pris de court et a eu tactiquement raison de l’ogre Bertrand Marchand. Pour un club qui a perdu 9 joueurs de poids d’un seul coup, tous des piliers dans les trois compartiments, et qui parvient quand même à tenir la dragée haute à un adversaire de qualité avant de le mettre à genoux dans les toutes dernières secondes, c’est le plus beau des exploits.
À l’usure avec un jeu contre nature
Face à un rapport de forces nettement en faveur des Clubistes qui jouaient à domicile avec le soutien de leur public, Karim Delhoum n’avait autre solution que de jouer l’effet surprise et de présenter un système et un plan de jeu inhabituels au CSS auquel le CA ne s’était pas visiblement préparé et ne pouvait pas donc apporter une réponse et une riposte immédiates. Un schéma en 4-2-3-1 pour la première mi-temps pour faire courir, souffrir et amoindrir physiquement les Clubistes plus frais. Un Aymen Dahmen vigilant et rempart sûr devant une défense composée d’un quatuor jeune et batailleur à souhait (Ghorbel et Bahri sur les côtés et le tandem Ghram-Nasraoui comme charnière), deux demis récupérateurs (Hammami et Camara ) avec un rideau de trois milieux de sécurité devant ( Amri, Ali et Habbassi) et une pointe inattendue en attaque (Diakité). Pas d’option pour l’attaque placée d’emblée qui est le cachet de jeu préféré du CSS, mais un jeu contre nature et réaliste, basé sur un minimum de débauche d’énergie et des contres rapides. Résultat : une seule occasion de but pour les Clubistes, durant les 45 premières minutes (tête de Ghandri sur la barre transversale à la 26’), qui n’ont pas trouvé leurs repères de jeu et se sont dépensés en vain. Finir la mi-temps sur un score de parité et ne pas être désavantagés à la marque était le premier volet du plan Delhoum et cela a marché comme sur du velours.
La carte gagnante Fares Néji
Nouvelle stratégie après la pause même si les changements de joueurs opérés étaient forcés avec trois demis de récupération et à une zone tampon composée de Chadi Hammami, Naby Camara et Fares Néji. L’objectif était de donner plus de liberté à l’Irakien Hussein Ali comme joueur animateur de l’attaque et dernier passeur pour un Ismail Diakité en embuscade en pointe. Devant le retour prévisible des Clubistes dans le match et la pression qu’ils allaient exercer en seconde période, il fallait préparer les moyens de riposte. Ainsi, quand le CA a pris l’avantage sur penalty de Dhaouadi (76’), la réplique a été immédiate (but de Diakité 82 ‘). Avec la complicité de la charnière centrale «Rouge et Blanc» et d’un portier Seifeddine Charfi aux bévues interminables et qui doit normalement laisser sa place pour un Noureddine Farhati plus vigilant et plus fougueux. Les deux prolongations étaient le moment idéal pour Karim Delhoum pour passer à la troisième étape de son plan : chercher le but assassin du K.O. Achraf Habbassi, muté en excentré sur le flanc gauche après la sortie de Ghorbel et la reconversion de Bahri en arrière droit, se déployait comme un forcené sur son couloir et Hussein Ali écartait le jeu sur le côté droit pour créer des espaces et des failles dans le rideau défensif clubiste. Le danger est venu de l’arrière, quand, en net déséquilibre sur contre-attaque, le CA se fit avoir stupidement sur une reprise instantanée et limpide de Fares Néji à l’entrée des 16m50 qui a laissé sans réaction l’infortuné portier Seifeddine Charfi. D’un côté, il y avait un bon stratège sur le banc (Karim Delhoum) et un excellent capitaine sur le rectangle vert (Aymen Dahmen). De l’autre, il y avait un entraîneur dans un jour sans( Bertrand Marchand ) et un dernier mauvais rempart complètement déboussolé et hors du coup (Seifeddine Charfi). Et c’est en toute logique que le premier duo a eu le dernier mot dans un scénario fatal.